Je fais régulièrement un petit discours aux débutants, et comme j'ai parfois l'impression de passer pour un gros relou rabat-joie je le mets ici, comme ça tout le monde peut le lire à tête reposée et mettre ses commentaires.
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L'escrime est l'art de toucher sans être touché.
La question primordiale étant "comment" ?
Pour apprendre ce "comment", il faut bien évidemment s'entraîner, afin d'expérimenter et de corriger ses erreurs.
Pour corriger ses erreurs, encore faut-il les voir, en être conscient... C'est ici que le regard extérieur peut apporter beaucoup : votre partenaire, un observateur, peut mettre le doigt sur certains points qui vont permettre de comprendre pourquoi on n'arrive pas à faire telle ou telle action.
De ce point de vue là, l'entraînement à la salle ne s'intéresse pas vraiment à "toucher sans être touché", mais à "comment". Acquérir la bonne manière, savoir lire une situation, contrôler son corps dans l'espace et le temps (bon positionnement, bon timing). Une fois que le "comment" est acquis, on peut beaucoup plus facilement mettre en placer le "toucher sans être touché".
Pourquoi ce blabla ?
Tout simplement parce que je remarque que certains se focalisent trop sur le "toucher sans être touché", sans se donner la possibilité d'acquérir le "comment". Ne percevant pas leurs erreurs, les problèmes de leur escrime, ils ont tendance à partir un peu dans tous les sens, à être fébriles, à ne pas contrôler leurs actes. On obtient une escrime à base de coups non-contrôlés, lancés aléatoirement. Et le problème, c'est que ces coups aléatoires touchent ! Ce qui permet à l'escrimeur d'obtenir une sorte de satisfaction immédiate ("ma technique est bonne puisque je touche").
Je ne nie absolument pas que le coup aléatoire qui touche est "valide", bien entendu. Par contre, et ça j'en suis sûr, il ne permets pas à l'escrimeur de s'améliorer, bien au contraire. L'escrimeur s'enferme dans sa méthode aléatoire et ne peut plus ajouter de "corde à son arc".
Conclusion : Plutôt que de vouloir à tout prix "toucher sans être touché", comme si notre vie dépendait réellement du combat, accepter de prendre des coups pour apprendre le "comment". Demander conseil à son partenaire lorsqu'on ne comprends pas un truc ("dis, tu vois pourquoi je n'arrive jamais à m'approcher sans être touché ?").
Et une fois que le "comment" sera acquis, alors le "toucher sans être touché" sera beaucoup plus simple, basé sur la compétence et non sur le hasard.
Et ça peut même éviter certaines blessures...